Nutrition : Retour sur la conférence du Comité de Liaison en Alimentation et Nutrition (CLAN) du CHU de Nîmes

Effets de la crise sanitaire sur notre mode de vie et notre alimentation

Avec le Dr Jean-Michel Lecerf, Chef du service Nutrition et Activité Physique à l'Institut Pasteur de Lille et Yannis Constantinides, Professeur de Philosophie et d'Éthique médicale

La conférence Effets de la crise sanitaire sur notre mode de vie et notre alimentation, à l'attention des personnels hospitaliers du CHU de Nîmes, s’est tenue vendredi 6 mai 2022, à l'amphithéâtre de la Faculté de Médecine. Cet événement était organisé par le Comité de Liaison en Alimentation et Nutrition (CLAN) et l'Unité Transversale de Nutrition Clinique (UTNC).

Le Dr Jean-Michel Lecerf, qui avait donné une conférence en 2019 au CHU de Nîmes sur les régimes, était de retour dans la cité romaine ce vendredi 6 mai pour une conférence tout aussi passionnante qu’enrichissante. Accompagné du Philosophe Yannis Constantinides, Professeur de Philosophie et d'Éthique médicale, le Chef du service Nutrition et Activité Physique à l'Institut Pasteur de Lille a donné cette fois-ci son point de vue de nutritionniste sur les effets de la crise sanitaire sur notre alimentation.

Introduction du Pr Michel Prudhomme, Président de la Commission médicale d’établissement du CHU de Nîmes
En guise d’introduction à la conférence, le Pr Michel Prudhomme a évoqué la situation de crise sanitaire que le CHU de Nîmes a traversé. « Nous avons connu une première période de lutte, mais nous avons réagi. Et nous avons dû vivre avec pendant un an et demi et cinq vagues successives. Tout n’était que gestion de crise. Mais nous avons su nous en sortir en redynamisant les forces vives de notre établissement ». 

Dr Jean-Michel Lecerf, place à l’expert
A-t-on toujours envie de parler de Covid après le Covid ? Pour le Dr Jean-Michel Lecerf, la réponse est oui. Oui, d’un point de vue nutritionnel, cet aspect a été peu abordé durant la pandémie.

Revenant sur les facteurs de risques de Covid-sévère tels le diabète et l’obésité, le Dr Lecerf a mis en avant le fait que la maladie contribuait à prendre du poids. « Il existait à la fois cette dimension victime et coupable qui a modifié notre regard sur cette problématique du surpoids ou du diabète ». Sur le plan psychologique, il a évoqué le ressenti de stigmatisation et de discrimination des personnes en surpoids qui a eu des effets délétères.  La sédentarité et l’ostracisation de ces personnes a, pour le Dr Lecerf, bien été réelle. « L’alimentation a été, du fait des changements de rythmes, bien malmenée ».

Brossant le changement des habitudes alimentaires pendant le confinement, certains parents ont (re)découvert le plaisir du fait-maison lorsque d’autres ont développé une certaine permissivité à l’égard de leurs enfants « C’est la crise, tant pis. Jette-toi sur les chips ! ».

Autre élément abordé par le Dr Lecerf : la nutrition préventive. « Certains facteurs nutritionnels pourraient jouer un rôle atténuant dans la maladie. C’est ce qui a été démontré avec l’apport à haute dose en vitamine D par exemple ». Paraphrasant Hippocrate, le Dr Lecerf a rappelé à tous que bien manger, c’est toujours mettre un peu plus de chance de son côté.  

En conclusion, le Dr Jean-Michel Lecerf a présenté à un auditoire nîmois captivé la sortie de son dernier livre La joie de manger (Éditions du cerf) qui se définit comme « Un traité de la vie bonne. Un chemin de jouvence. Un manuel de joie ». Un opus qui donne clairement l’eau à la bouche.

Yannis Constantinides, Philosophe des sens retrouvés
Décortiquant dans un premier temps la philosophie des sens perdus, retrouvés (odorat, goût) ou mis en avant pendant la pandémie, « à la différence de la vision, il y a eu une déconsidération des autres sens. La distance étant un sens abstrait, la pandémie a développé en nous une ex-carnation ; une société sans contact », Yannis Constantinides est revenu sur la stigmatisation vécue des personnes en surpoids : « Avec des jugements bien implicites, on n’a fait que peu de cas de la précarité sociale qui joue un rôle prédominant dans cette pathologie ». Véritable accoucheur de pensées, le philosophe s’est par la suite prêté au jeu des questions/réponses avec le public.

La conférence s’est terminée par une petite collation bien méritée pour les orateurs, organisateurs et public car, comme le rappelle le Dr Lecerf dans son dernier livre : « Manger et boire, c’est aussi et surtout partager, offrir, savourer, parler ».