Vie du CHU

Dr Mounir Benslima : une vie entre médecine, justice et engagement

Mis à jour le 20.06.2025 - Publié le

Le Docteur Mounir Benslima, chef du service de médecine légale au CHU de Nîmes, se verra remettre ce vendredi 20 juin les insignes de chevalier de la Légion d’honneur. 

L’occasion de revenir sur le parcours exceptionnel d’un médecin engagé depuis plus de 30 ans au service de la justice, des vivants comme des morts.

Une figure incontournable du CHU de Nîmes

Médecin depuis plus de 30 ans, Mounir Benslima est aujourd’hui à la tête du service de médecine légale du CHU de Nîmes, qu’il dirige depuis plus d’une décennie. Sa carrière est marquée par une rare diversité d’expériences, toutes orientées vers le soin, la rigueur et le service public.

Avant d’embrasser la médecine légale, le Dr Benslima a d’abord exercé comme médecin urgentiste. Il a notamment été vacataire au SAMU de Nîmes dès les années 1990 et est intervenu aux urgences de la maison d’arrêt de Nîmes. Il a également assuré pendant 32 ans la médecine du travail au sein du ministère de l’Intérieur, auprès des agents de la préfecture du Gard, du commissariat central de Nîmes et de celui de Bagnols-sur-Cèze.

J’ai été médecin urgentiste, médecin du travail, médecin des prisons, médecin des pompiers… J’ai beaucoup travaillé dans ma vie, mais chaque expérience m’a préparé à ce que je fais aujourd’hui.

Mounir Benslima
Chef de service de médecine légale du CHU de Nîmes

Une spécialité à la croisée des mondes

La médecine légale est souvent associée à l’image du médecin de la mort. Une perception réductrice, que l’expérience du Dr Benslima permet de nuancer. Car la médecine légale ne se limite pas à l’autopsie et aux scènes de crime : elle s’exerce aussi auprès des vivants.

Dans les faits, deux tiers de l’activité du service concernent les victimes : violences, accidents, agressions sexuelles, notamment. Le tiers restant est dédié à l’expertise post-mortem, dans des contextes souvent sensibles.

C’est un métier d’imprévus, sans journée type. L’équipe peut être sollicitée à toute heure. Et dès l’ouverture d’une enquête, l’avis du médecin légiste peut orienter profondément les premières étapes de l’instruction.

Dans l’opinion publique, le médecin légiste est celui qui ne voit que les morts. Mais en réalité, on passe plus de temps avec les vivants. Ce qu’on dit au début d’une enquête peut conditionner tout le reste. On est au cœur même de l’affaire.

Mounir Benslima
Chef de service de médecine légale du CHU de Nîmes

Une expertise précieuse dans les enquêtes

Fort de son expérience, le Dr Benslima a vu évoluer en profondeur sa spécialité. Les avancées technologiques, notamment l’introduction de l’ADN comme outil central de l’investigation, ont bouleversé les pratiques médico-légales. Le développement des scanners 3D a également permis d’affiner les diagnostics.

« L’ADN a tout changé. Il est aujourd’hui au cœur de nombreuses enquêtes. Et l’imagerie médicale, comme le scanner, est devenue un outil fondamental, notamment en balistique. »

Aujourd’hui, il dirige une équipe de six médecins, dont deux jeunes professionnels qu’il forme et accompagne.

« Je leur dis toujours : travaillez, persévérez, ne comptez pas vos heures. Le travail finit toujours par payer. »

Une reconnaissance nationale : la Légion d’honneur

Avec près de 6 000 autopsies réalisées et des dizaines de milliers de victimes examinées, le Dr Benslima a joué un rôle majeur dans des centaines d’enquêtes judiciaires. Le 20 juin, il recevra les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, des mains de Didier Lauga, ancien préfet du Gard. Une distinction qu’il accueille avec humilité.

« J’ai appris que j’étais nommé en lisant le Journal Officiel. Ça a été une vraie surprise. »

Le Dr Benslima n’en est pas à sa première distinction : il avait déjà reçu l’ordre national du Mérite en 2000. Mais cette Légion d’honneur a une valeur particulière.

« Cette médaille, ce n’est pas que la mienne. C’est celle de mon équipe, de mes collègues, de tous ceux qui ont travaillé à mes côtés pendant des années. »

Mounir Benslima
Chef de service de médecine légale du CHU de Nîmes

Une cérémonie ancrée dans le collectif

La cérémonie aura lieu à l’Institut de formation aux métiers de la santé (IFMS), sur le site du CHU de Nîmes. Elle réunira famille, collègues, amis, ainsi que des représentants du monde judiciaire, de la préfecture, et des forces de l’ordre.

« Je remercie le directeur général de m’avoir permis d’organiser cette cérémonie ici. Ce sera un moment simple, avec ceux qui ont compté dans mon parcours. »

Une fin de carrière active, tournée vers l’avenir

Malgré les années, le Dr Benslima continue d’exercer avec la même passion.

« J’ai encore envie de continuer, tant que je peux être utile. »

Le parcours du Dr Mounir Benslima incarne une vision exigeante et profondément humaine de la médecine légale. Une discipline qui, entre technicité et engagement, ne cesse de rappeler que chaque expertise est d’abord une responsabilité.