L’évolution de la société, un meilleur accès à l’information, une plus grande prise en considération de la personne soignée dans sa globalité ont entraîné, depuis plusieurs années, un changement de paradigme dans la relation soignant-soigné. Depuis 2002, l’arsenal législatif n’a, du reste, cessé de renforcer la place des « patients » - devenus « usagers » - au sein du système de santé. Pour sa 10e édition, le Forum infirmier, organisé par le CHU de Nîmes à l’attention des infirmie(è)r(e)s et étudiants en soins infirmiers, se déplace au Grau-du-Roi pour une journée d’échanges et de partages sur le « partenariat gagnant » sur lequel doit déboucher la relation entre les professionnels du soin et les usagers.
Associer l’usager à sa prise en soins
Depuis la loi du 4 mars 2002, dite « loi Kouchner », les représentants d’usagers (souvent membres d’associations de malades) ont des droits qui se sont précisés. Ils peuvent ainsi obtenir plus facilement des informations sur leur prise en soin, participer à la prise de décision les concernant, etc.
Aujourd’hui, les représentants de malades peuvent faire entendre leurs voix auprès des décideurs hospitaliers, notamment en participant à la Commission des usagers (CDU) où sont analysés des dysfonctionnements entre familles, patients et soignants. Ils participent aussi à des commissions telles que le Comité de lutte contre la douleur (CLUD). Ce changement de posture (de patient « passif » à usager « actif ») entraîne des modifications dans la relation du soignant au soigné, impactant de facto l’exercice professionnel des Infirmie(è)r(e)s diplômé(e)s d’État (IDE). En effet, le nouvel environnement de travail ainsi créé amène les professionnels de santé à trouver de nouveaux repères et à adapter les savoir-faire en étant à l’écoute des patients.
La plus-value du partenariat usagers-soignants
Dans ce partenariat, le soignant s’attache à trouver la solution la plus juste et à adopter le comportement le plus adéquat, au regard de chaque situation, qui est unique : quelle est la meilleure décision dans le cas présent ? Au quotidien, il s’agit de s’interroger sur l’attitude ou le soin que l’on dispense à l’autre, s’ajuster à sa réalité, ses besoins, …
Les temporalités entre les soignants et les usagers sont différentes : les premiers sont parfois pris à la fois dans une organisation holistique de plusieurs patients et centrés sur le malade, tandis que les seconds sont en attente d’un soin individualisé.
Éducation thérapeutique du patient (ETP) : le patient, expert de sa pathologie
Avec la prévalence des maladies chroniques, les établissements de santé, tout comme les professionnels libéraux, souhaitent développer l’Éducation thérapeutique du patient (ETP), qui s’appuie notamment sur la dimension éducative dans le parcours de soin. Les soignants accompagnent les patients dans le développement de compétences dites d’« auto-soin » et de sécurité mais aussi de compétences d’adaptation et psycho-sociales. Les compétences d’auto-soin et de sécurité permettent aux patients de comprendre et d’organiser les connaissances sur leur maladie et ses traitements. Dans le cadre de l’ETP, les soignants abandonnent le pouvoir que donne le savoir pour devenir médiateurs, pédagogues en santé, accompagnants du patient. Ils passent d’une posture de « prescripteurs » à celle de « promoteurs en santé ». Le patient devient, quant à lui, pleinement acteur de sa maladie dans son contexte de vie.
Le Forum infirmier fête ses 10 ans
Porté par la Direction coordination générale des soins (DCGS) et le Pôle politiques sociales (PPS) du CHU de Nîmes (CHUN), le Forum infirmier s’inscrit, depuis 10 ans, parmi les temps forts des formations du personnel paramédical de la région, exerçant aussi bien dans des établissements publics (centre hospitaliers, centre hospitalier universitaire), que privés (cliniques, associations), ou en activité libérale. Répondant à sa mission de formation, le CHUN a, ainsi, accueilli plus de 2 500 professionnels du soins et étudiants, au cours de ces 10 éditions.
Le 10e Forum infirmier sera l’occasion de réfléchir collectivement et de permettre aux soignants et aux soignés de se comprennent mutuellement par des « petites choses » du quotidien, si importantes pour chacun. Cette journée de réflexion tentera de répondre à plusieurs questions : comment usagers et soignants conçoivent-ils leur « partenariat » ? Que faut-il mettre en œuvre pour faire en sorte que celui-ci soit « gagnant » ? Comment s’y prendre ? Quelles habiletés les usagers et les soignants doivent-ils développer ?